Quand tu promènes derrière Artigues tu traverses des champs de thym en fleur, du mauve aussi puissant que les lavandes,les chênes
d’en bas sont tout petits et tout tordus, on dirait des petits vieux aux mains noueuses,ils te regardent passer et semblent te dire:
« - T’as vu le papet, y tient le coup pardi !
-Tu vois ces bancaù sous la mousse? Couillon, ils se sont pas montés tous seuls !
-les racines, mon beau ça s’enfonce dans la terre et ça te fait faire des choses estraordinaires.
-Toujours vert le pépé ! Approche... tu vois ces feuilles, regarde les biens, c’est toute ma vie qui est écrite dessus
-Tu les entends mes rameaux? Y chantent aussi bien que mes collègues les rigaù. »
Autant de chênes, autant d’histoires, si tu les écoutais tous ces grands-pères, il faudrait te lever matin pour arriver jusqu’ aux Bellons avant les brousses. Cette ferme, c’est presque un hameau, tu quittes le chemin, tu prends un sentier,sur ta gauche à trois cents mètres c’est un oratoire espécial que tu vas trouver, dans la niche, pas de vierge, ni de saint,juste deux santons peints à l’ancienne : un chasseur et son chien.
C’est qu’ ici, c’est le domaine de chasse des Bellons, les lapins de garenne, les lièvres, les faisans , les cailles, tu les rencontres comme à 1a ville tu croises un chien ou un chat. Quand tu reviens sur tes pas à nouveau sur le chemin tu con tinues jusqu’au domaine Pillaud, encore une réserve de chasse, au mitan de cette campagne c’est la bergerie Pillaud, ouvre tes narines c’est les moutons pardi qui te chatouillent le nez ! Après les Pillaud, c’est les Vernes, encore une bergerie, en haut vit le vieux Gracques, le Berger des Vernes, avec son fils, sa belle fille et leur niston ; en plus des moutons, y ‘à la ferme: des oies, des poules, un cochon, enfin la ferme quoi ! Avec sa basse cour, ses canards, son poulailler et tout le saint Frusquin; quand tu continues ta route, tu tombes sur la Bérarde, la plus grosse ferme du pays, en plus du reste, là-bas ils ont les chevaux, les ânes, les chèvres et même des vaches!
C’est chez eux qu’on va chercher le lait ; ça fait une trotte, mais qu’est -ce qui faut faire!
La garrigue c’est pas la ville, coquin de sort! Quand tu arrives à Longagne, tu quittes Artigues pour entrer à Rians, et Rians c’est déjà plus un village, mais c’est pas encore la ville. A Longagne c’est un chevrier qui habite là avec sa femme, son fils et son troupeau.
A Rians, tu as un vallon qu’on appelle «Beau Mort » va savoir?
D’un bord tu vas à Pourrières, en traversant le vallon aux cent virages, c’est pas un chemin, c’est un serpentin encaissé entre deux montagnes, on y voit jamais le soleil. D’un autre bord c’est la plaine aux couleurs de la Provence, les maïs, les blés, les melons, les courges,
la terre brune fraîchement retournée, les sillons réguliers, les champs d’oliviers et les vignes qui inondent les terrains de leurs ceps qui ont souffert, de leurs grappes violettes
ou verdâtres, avec les sarments à peine taillés qui s’entassent en fagots couleur de miel sur le bord des sentiers.
Plus haut vers la montagne de Lure, c’est Manosque ; les vergers de Manosque, des champs de pommiers à perte de vue.
Ah ! J’allais oublier, mèfi ! Dans nos coins c’est rempli de sangliers, si t’es un bon chasseur, à toi le gibier, avec tous les agachons dans les arbres ou bien, posté derrière les buissons ou les taillis, tu auras de quoi te planquer, si t’es pas chasseur, malheureux ! Ne promène pas sans ton bâton, de temps à autre fais du bruit, frappe les fourrés on sait jamais si une laie a les couillons à l’envers et qu’elle te charge la bestiasse, eh bè, tè, adieu!
Alors, il te plaît mon pays?
Si t‘es un veinard, tu pourras même croiser des renards aux reflets roux argents, ça à la démarche du loup et la gueule du chat, crois moi c’est une merveille!
Dis, je t’ai parlé du coucou ? Si tu l’entends, remue les quatre sous que tu as en poche, il apporte la fortune. Allez, viens, je t’attends, marche, en suivant le parler des oiseaux tu y arriveras les yeux fermés dans ma campagne.
vendredi 17 novembre 2006
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1 commentaire:
ah tu le sais, hein , celui la c est mon prefere...ah la provence...
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