dimanche 10 décembre 2006

Précarité



C’est bizarre cette sensation de précarité qui fait suite à la mort. La mort, c’est quelque chose de définitif, de stable, d’immobile, d’éternel.
Et pourtant, elle engendre ce sentiment d’instabilité ; rien de ce qui nous entoure ne nous appartient parce que nous mêmes ne nous appartenons plus. Nous devenons subitement locataires de nous mêmes.
Seule compte alors, la théorie de la relativité : On classe, on relativise, on évalue les événements de la vie, que l’on épingle sur une échelle de valeurs.
Rien n’a d’importance face à la mort.
Soudain, tout devient léger, seul compte l’amour, seul vaut la vie que l’on rêve de vivre, le reste n’existe pas, le reste n’existe plus.
La vie n’est-elle pas étrange ?
Tu n’es jamais venu chez nous. Les marches qui conduisaient à notre gîte étaient trop nombreuses pour tes jambes de laine, et à présent tu es là : un tas de cendres grises contenues dans une petite urne veinée de marbre miel.
Le contenant est aussi fin que le contenu, aussi fin que toi, que ton esprit, que tes mains, que tes jambes finement veinées, que tu rechignais à dénuder, sous ton short bleu ciel.
Polo de coton, chapeau de paille et short bleu ciel, voilà une image qui me rappelle l’été, ton été. Mais, à présent, tu n’es plus.