Ballade sur les sentiers de l’enfance, je me vois en papa, le p’tit bout me tenant la main, de l’autre côté la main de maman.
J’ai déjà vécu ici, c’est sûr, je connais cet endroit, c’est l’enfance imaginaire, verte, où les prés sont tendres et humides, parsemés d’arbres fruitiers : châtaigniers, marronniers, noisetiers,
amandiers… Soudain un chemin de traverse où les herbes chevelues sont coiffées par la pluie, un chemin tordu, escarpé, qui coule vers la rivière ; en contrebas, nous voilà assis sur un rocher moussu.
Des siècles de légendes inondent ce lieu, les eaux sont torrentielles, elles lavent les pierres et les rochers comme une chatte lave ses petits.
Je m’imagine, moi, son père, et lui, le p’tit bonhomme en culottes courtes de la pub d’Herta …
« Ne passons pas à côtés des choses simples ».
Un p’tit moulin à eau fait de lamelles de bois et d’un bouchon de liège coincé entre deux rochers… Vivement ce temps là …
Youri s’ébat follement dans les prés mamelonnés, de temps à autre il se vautre dans les crottes de chèvres et dans le crottin de cheval …
C’est un paysan de chien qui ne passe pas à côté des choses simples.
La fatigue se fait sentir, notre haleine est courte, nos jambes sont molles, il est temps de rentrer… Ne pas continuer.
Elle a une irrésistible envie de s’offrir dans la nature, là où chante une rivière. Mais je n’étais pas sur son nuage. Le mien était enfantin, mes songes étaient chastes et purs, les siens étaient mouillés comme les fougères.
Nous voici à présent au pied de l’église, au dessus des murettes, par delà un escalier en pierres. La visite du cimetière ne fut pas uniquement un songe du passé, quelques âmes du temps présent reposent aussi au milieu du marbre gris. Un camposanto di villaggio colla gente morta in guerra, tante date del 1944, 1942, 1943 … e poi, un giovane morto quest’anno colla moto incisa sul marmo nero : « Aqui Domini ».
Lorsque nous eûmes fini notre déjeuné, nous étions bien pansus et notre palais nous remercia de l’avoir si grandement délecté.
Une après-midi des plus originales, le plus voluptueux des paysages : le château de Crau.
Des siècles pierreux dominent un vallon enchanté où serpentent des ruisseaux, où s’alanguissent les eaux stagnantes ; l’herbe est drue ; au pied des châtaigniers, d’innombrables hérissons s’endorment, ce sont les bogues o gusci delle castagne, rousses comme ma barbe, qui annoncent l’automne et son cortège de fauves et d’ocres.
Quelques corbeaux coassent dans le fond du vallon pour nous rappeler que l’automne c’est aussi une chemise de trappeur et un pantalon de velours.
Au cœur de cette allégresse, nous nous enfonçâmes dans le lit du val puis, nous choisîmes pour couche le pied d’un châtaigner que je déblayai prestement. Au dessus de nos regards, la ramée, large et feuillue, nous abritait des averses mutines.
C’était la cabane que les amoureux habitent le temps d’un baiser, le temps d’un éclair, lorsqu’ils se serrent fort pour adoucir le tonnerre. Nous nous aimâmes au milieu des fauvettes, il faisait frais, la nature nous sourit.
jeudi 16 novembre 2006
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